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Photo du rédacteurNadia Thuilliers

Apprendre à écouter : un art à développer dès le plus jeune âge


Photo d'un enfant qui tend l'oreille et montre qu'il écoute en positionnant la main derrière l'oreille

Tout le monde sait écouter, c’est une aptitude innée, non ? Posez-vous et prenez un instant pour y réfléchir : à quand remonte la dernière fois où l’on vous a réellement écouté.e ? Et pour vous, est-ce vraiment facile d’écouter pour de vrai, la personne qui est en face de vous ?


Un bruit qui détourne notre attention, une pensée fugace qui traverse l’esprit : nous voilà à n’écouter que d’une oreille. Combien de fois sommes-nous tentés d’émettre un jugement sur ce que nous dit l’autre ? Combien de fois nos préjugés prennent-ils le dessus ? Combien de fois sommes-nous tentés de réagir selon nos propres idées ? On entend, c’est sûr, et d'un coup, hop, notre parole intérieure se met en route et nous voilà à écouter de loin, ce qui va sûrement nous amener à comprendre de travers ce que notre interlocuteur est en train de nous dire. Et pour couronner le tout, nous n’en avons que très rarement conscience.


Comment être dans un vrai échange, dans une vraie discussion, du coup ?

Apprendre à écouter est la solution pour entraîner cette précieuse habileté, et ce, dès le plus jeune âge. Parce que oui, ça se muscle, ça s’entraîne, ça se travaille, ça se développe.

Alors, avant de découvrir une activité qui permettra de la travailler, demandons-nous ce que signifie l’écoute. Quels en sont les bénéfices ? Comment les ateliers philo peuvent-ils apprendre à écouter ?


Qu’est-ce que l’écoute ?


  • Définition de l’écoute 


Selon Le Robert, l’ » écoute » est l’action d’« écouter », c’est-à-dire le fait de s’appliquer à entendre, prêter son attention à (des bruits, des paroles). Ce mot est à distinguer du verbe « entendre », qui, au sens commun, signifie percevoir par le sens de l’ouïe et qui ne sous-entend pas une intention. 

On comprend bien que, derrière le terme « écouter », il y a un acte délibéré, qu’on y met une véritable intention.

Notons aussi qu'”entendre” en philosophie ça veut aussi dire comprendre. Donc entendre sans écouter et écouter sans entendre au sens de comprendre,  sont insuffisants. Il est essentiel de coupler les deux.


  • Les types d’écoute 


Nous pratiquons l’écoute au quotidien mais, selon le contexte, l’interlocuteur et l’objectif, nous ne l’exerçons pas de la même façon. Voici les principaux types d’écoute que nous utilisons, souvent sans en être pleinement conscients.


L’écoute passive 


Dans ce type d’écoute, l’attention est minimale. On entend les mots, mais de loin. On ne fait pas d’effort pour les comprendre ou les intégrer. C’est ce qu’on appelle « écouter d’une oreille ». On « écoute sans écouter », comme lorsqu’on nous raconte quelque chose alors que nous sommes absorbés par notre lecture ou par le film que nous regardons.


L’écoute sélective 


Elle consiste à se concentrer uniquement sur certaines parties du message, en fonction de ce que l’on juge pertinent ou intéressant. C’est celle qu’on mobilise, par exemple lors d’une réunion quand on va piocher uniquement les informations qui nous concernent.


L’écoute empathique 


Plus que les paroles, l’écoute empathique cherche à percevoir les émotions et les intentions de l’interlocuteur, en essayant de se mettre à sa place.


L’écoute critique


C’est elle qui va nous permettre d’examiner un message de manière rationnelle, en évaluant sa pertinence, sa logique, ou sa crédibilité.Par exemple, lorsqu’on écoute une présentation professionnelle ou un discours politique, on évalue les arguments pour en déterminer la validité. Elle est essentielle pour la prise de décision et l’analyse des informations.


L’écoute réflexive 


Ce type d’écoute vise à aider l’interlocuteur à mieux organiser ses idées, à les structurer ou à comprendre ses propres pensées. Lorsque notre interlocuteur exprime une difficulté, l’écoute active va nous inciter à l’aider à clarifier ses propos en les reformulant et en lui faisant valider ce qu’on a compris. Elle favorise la collaboration et encourage la réflexion chez l’autre.


L’écoute réparatrice 


Face à des situations conflictuelles, l’écoute réparatrice peut désamorcer les tensions. Elle permet de reconnaître les émotions de l’autre et de trouver un terrain d’entente. Lorsqu’un désaccord éclate, écouter sans interrompre et reformuler les points de frustration à la fin peut calmer l’atmosphère. Elle est d’un grand intérêt pour gérer les conflits.


L’écoute active 


L’écoute active nécessite un engagement total dans l’échange. On est attentif à la fois au message verbal de son interlocuteur, à ce qu’il dit, mais aussi au non-verbal, à ses gestes, à ses expressions. On peut manifester notre écoute active par des gestes d’assentiment comme des hochements de tête. Des reformulations et des questions peuvent nous aider à clarifier les idées de notre interlocuteur. L’écoute active favorise vraiment les échanges constructifs. C’est ce type d’écoute que nous allons chercher à développer en atelier philo.


La lecture de L'écoute active: Clé pour améliorer les discussions philosophiques vous permettra d’en découvrir davantage.



Pourquoi savoir écouter est-il si important ?


L’écoute active est une compétence essentielle qui offre de nombreux avantages aux enfants et aux jeunes, que ce soit dans leur quotidien et à l’école. Elle les aide à mieux interagir avec les autres, à apprendre de manière plus efficace, et à développer des qualités humaines et relationnelles. Voici les principaux bénéfices :


Les intérêts de savoir écouter dans la vie personnelle 


  • Renforcer les liens sociaux : écouter activement ses camarades montre qu’on se soucie d’eux, de leurs émotions et de leurs pensées. C’est un bon moyen de renforcer la confiance et la complicité.


  • Développer l’empathie : l’écoute active permet d’apprendre à se mettre à la place des autres et de mieux comprendre ce qu’ils ressentent, ce qui favorise des relations plus harmonieuses, authentiques et bienveillantes.


👉 Si vous voulez en savoir plus, découvrez notre article L’atelier philo : un lieu privilégier pour développer les compétences psychosociales.


  • Régler les conflits : en apprenant à écouter les points de vue des autres, un jeune est mieux équipé pour désamorcer les disputes et trouver des solutions satisfaisantes pour tous.


  • Favoriser la prise de parole : faire face à un groupe qui sait faire preuve d’écoute encourage les enfants à prendre la parole, à exprimer leurs propres besoins et émotions dans un cadre sécurisé.


  • Renforcer la confiance en soi : quand un enfant se sent vraiment écouté par son auditeur, il est valorisé par les interactions qui découlent de ses propos, ce qui contribue à améliorer son estime de lui-même.


Les avantages de savoir écouter dans la vie scolaire 


  • Améliorer la compréhension et la concentration : l’écoute active aide les jeunes à être plus attentifs aux propos et aux consignes des enseignants lors des cours, ce qui favorise la compréhension et l’apprentissage.


  • Renforcer la mémorisation : quand un élève écoute activement, il retient mieux les informations, et sort du cours en ayant déjà mémorisé l’essentiel des informations, ce qui est un grand avantage dans la gestion du travail personnel.


  • Encourager la participation en classe : un élève qui pratique l’écoute active est plus engagé dans la séance et son intérêt est alors perceptible par l’adulte. Il est plus à même de poser des questions pertinentes ou de répondre de manière réfléchie, ce qui valorise ses interventions.


  • Développer le sens critique : l’écoute active est le contraire même de la passivité. Elle met les jeunes dans une posture d’analyse et de réflexion face aux informations qu’ils reçoivent. C’est un atout pour les débats, les travaux de groupe ou les discussions argumentées.


  • Renforcer les relations avec les enseignants et les camarades : en étant attentif aux pensées, aux besoins et aux émotions des autres, le jeune participe à un climat de classe respectueux et coopératif.


Pourquoi encourager cette compétence dès le plus jeune âge ?


L’écoute active, lorsqu’elle est développée tôt, devient une base solide pour la communication, l’apprentissage, et la gestion des relations tout au long de la vie. Elle aide les enfants à devenir des adultes empathiques, curieux, et capables de collaborer efficacement dans tous les domaines. Cultiver cette capacité est donc un investissement précieux pour leur avenir.


Comment les ateliers philo aident-ils les enfants à apprendre à écouter ? 


Les ateliers philo sont bien plus que des moments de réflexion : ils sont le lieu idéal pour développer des compétences relationnelles, dont l’écoute active. Voici comment cette pratique permet aux enfants d’apprendre à écouter de manière respectueuse, attentive et constructive.


L’atelier philo, un cadre propice aux échanges respectueux


Les règles qui régissent la pratique de la philosophie offrent aux enfants un espace où chacun est libre de s’exprimer sans crainte d’être jugé ou interrompu. Ce cadre sécurisé encourage les enfants à s’écouter mutuellement avec respect. Ils y apprennent que chaque pensée a de la valeur, quelle que soit leur propre opinion. Ce cadre favorise également un climat de confiance où les échanges deviennent authentiques et sincères.


Le respect du tour de parole : une règle d’or pour écouter activement


Dans les ateliers, le tour de parole est une règle fondamentale. Les enfants :

  • apprennent à attendre patiemment leur tour pour parler et développent ainsi une certaine maîtrise de soi.

  • s’entraînent à écouter les autres en ne cherchant pas à préparer une réponse immédiate, ce qui leur permet d’être pleinement présents dans l’échange.

  • comprennent que chaque moment d’écoute est aussi un moment d’apprentissage.


La reformulation, pour montrer qu’on a écouté


Reformuler les propos d’un camarade est une activité clé dans les ateliers philo. Cette habileté demande aux enfants d’écouter attentivement pour être capable de redire le plus fidèlement possible ce qui a été dit. La reformulation renforce leur compréhension en les incitant à clarifier les propos entendus. L’interlocuteur, qui se sent écouté et respecté, se sent alors valorisé.


Des discussions riches en nouvelles perspectives 


Les questions et sujets abordés en atelier philo ont souvent une dimension universelle et invitent à dépasser les préjugés. L’écoute dont ils font preuve leur permet de découvrir une diversité d’opinions, de propos parfois très éloignés de leur vécu. Ils développent ainsi leur esprit critique en confrontant les idées des autres participants aux leurs. 

Le cadre structuré et bienveillant des ateliers philo offre aux enfants un lieu propice pour apprendre à écouter non seulement les paroles, mais aussi les gestes, les émotions et les nuances derrière celles-ci. L’écoute devient alors un outil pour mieux comprendre et appréhender le monde, les autres et aussi sa propre personne.


Quelle activité mettre en place en atelier philo pour travailler l’écoute ?


L’écoute active est une compétence précieuse qui se développe dès l’enfance. Dans un atelier philo, il est possible de la travailler de manière ludique et pédagogique grâce à une activité simple mais impactante : le Miroir de l’écoute.


L’activité : Le Miroir de l’écoute


  1. Mise en place 


  • Répartissez les enfants en binômes avec un rôle pour chacun : un locuteur et un auditeur.

  • Le locuteur partage une histoire courte ou quelque chose d’important pour lui, pendant environ 2 minutes.

  • L’auditeur écoute sans interrompre, puis reformule ce qu’il a compris en commençant par une phrase comme : "Si je comprends bien, tu dis que...".


  1. Prolongement : l’expérience de l'écoute faussée


  • Proposez à un binôme de réaliser une expérience devant le groupe.

  • L’auditeur fait semblant de ne pas écouter : il détourne les yeux, semble distrait, ou reformule mal les propos du locuteur. Attention, le locuteur n’est pas au courant !

  • À la fin, demandez au locuteur s’il a ressenti que son auditeur l’écoutait vraiment, et discutez avec le groupe de ce qui a été observé.

Veillez à choisir un enfant locuteur qui n’est pas trop sensible, pour éviter qu’il soit blessé en lui faisant vivre une situation où il ne se sent pas écouté.


Les objectifs de l’activité pour apprendre à écouter


Favoriser la prise de conscience des enjeux de l’écoute 

Aider les enfants à comprendre que l’écoute active va au-delà du silence : elle exige  une réelle attention, un engagement et une capacité à reformuler pour montrer que l’on a compris.


Travailler les compétences relationnelles 

  • Développer l’empathie en plaçant les enfants dans les rôles d’auditeur et de locuteur.

  • Les aider à se mettre à la place de l’autre et à mesurer l’impact de leur attitude sur la relation.


Apprendre à identifier une écoute faussée 

  • Montrer qu’un comportement d’apparence anodine (distraction, mauvaise reformulation) peut donner le sentiment de ne pas être écouté.

  • Mettre en évidence les effets de ce manque d’écoute sur les émotions du locuteur.


Encourager l’expression des ressentis 

  • Tout en respectant l’autre, amener les enfants à verbaliser leurs sentiments lorsqu’ils ne se sentent pas écoutés.

  • Proposer un espace sécurisé pour communiquer ces ressentis sans avoir peur de blesser son interlocuteur.


Les apports de l’expérience du Miroir de l’écoute pour les enfants


  • Renforcer la confiance en soi Les enfants gagnent en assurance et se sentent valorisés dans leur expression quand ils perçoivent que leur parole est bien entendue et comprise.


  • Développer l’attention et la concentration Être un auditeur actif implique de mobiliser toute son attention. Cela encourage les enfants à être plus présents et attentifs aux autres.


  • Comprendre l’importance de l’écoute dans les relations Cette activité met en avant l’impact positif d’une écoute de qualité sur les échanges, mais aussi les frustrations causées par une écoute défaillante.


  • Favoriser l’intelligence émotionnelle L’exercice les sensibilise aux émotions des autres et à la manière dont leur attitude peut influencer ces émotions.


  • Renforcer la cohésion du groupe En partageant leurs ressentis et en observant les autres, les enfants apprennent à se comprendre et à se respecter davantage.


En intégrant cette activité à vos ateliers philo, vous offrez aux enfants une expérience riche en apprentissages sur l’écoute et la relation à l’autre. Vous les aidez à poser les bases d’une communication bienveillante et attentive, essentielle à leur épanouissement personnel et social.


👉 Retrouvez cette expérience dans le Kit du Vivre Ensemble


Image de la première de couverture du kit pour travailler le vivre ensemble




Apprendre à écouter est une habileté essentielle à cultiver. Elle est pourtant banalisée, voire sous-estimée. Grâce à des outils comme les ateliers philo, les enfants développent leur capacité à écouter véritablement l’autre, avec engagement et bienveillance. 

En leur permettant de comprendre l’importance de l’écoute active dès le plus jeune âge, nous leur offrons les clés d’une communication authentique et respectueuse.

Et si nous profitions de cette occasion pour cultiver nous-mêmes cette compétence ? Mettons en pratique au quotidien ce que nous encourageons chez les enfants. Nos relations n’en seront que meilleures et qui sait, nous pourrions devenir une source d’inspiration pour la génération future.


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